
La conjuration des médiocres
Difficulté ***
Profondeur ****
Originalité ****
Emotions ***
L’unique roman d’un auteur brillant, cette œuvre originale déconcerte et séduit tout à la fois. Car « la conjuration des médiocres », titre évocateur et ironique, développe le concept d’antihéros de façon XXL dans tous les sens du terme ("Don Quichotte" est dépassé !).
Ce Tanguy obèse pourrait même être antipathique si une certaine tristesse naïve ne l’habitait pas. Mais l’humour omniprésent anime un récit qui flirte souvent avec l’absurde. L’analyse postérieure immodeste par le héros de ses propres échecs participe de la drôlerie, ainsi que l’incapacité de ses proches à le ramener à un pragmatisme qu’il juge vulgaire.
Ses combats, qui tournent invariablement à la catastrophe, ne sont pourtant pas innocents : son focus contre le capitalisme et l’oppression du travail se double d’une lutte pour la liberté d’expression et de pensée.
La plume est précise et cède pourtant souvent au rythme diabolique de scènes délirantes. Le roman appartient d’ailleurs à cette catégorie d’œuvres immédiatement visuelles pour le lecteur (comme « les promesses de l’aube » par exemple) : l’adaptation cinéma semble une évidence tout en exigeant un acteur hors du commun.
Une œuvre rare, moderne et étonnante